À quel point recycle-t-on les métaux précieux ?
Avec les réserves de métaux précieux qui s’amincissent d’années en années, il va être de plus en plus nécessaire de se fier au recyclage pour produire l’or et les autres métaux précieux qu’on utilise. Regardons un peu où en est le recyclage de l’argent et compagnie.
Il y a plusieurs manière de quantifié le recyclage d’une matière :
–la première façon est juste considérer le nombre absolu de Kg ou tonnes recyclés, c’est assez délicat à faire car les estimations sont vagues.
–la seconde façon est de donner une approximation du pourcentage de la production qui est issu du recyclage, c’est ce que nous préférerons.
–la troisième façon est d’observer le taux de recyclage d’un type de pièce précis. On mentionnera les statistiques utiles pour la compréhension.
Si l’on mesure le caractère écologique d’une industrie par la proportion de la production de cette matière qui est issue du recyclage, alors les industries de l’or, de l’argent, du platine, du rhodium, du palladium sont parmi relativement propres et écologiques. Mais il ne faut pas nier que certaines techniques d’extraction comme l’or paillage au mercure sont très polluantes, bien que marginales au niveau de la production mondiale.
Voici quelques sources et chiffres :
– Environ un tier de la production d’or est issue du recyclage, à peu près 10 % sont utilisés dans l’industrie et le reste part en bijouterie, numismatique et fabrication de lingot dans la grosse majorité. On ne dispose pas de chiffre précis, mais on estime qu’entre le 2/3 et le ¾ du vieil or (comprendre bijoux rachetés) sont recyclés.
– (chiffre de 2007) Un cinquième de la production d’argent mondiale vient du recyclage, seulement un cinquième l’argent produit est utilisé pour la bijouterie et numismatique. L’utilisation de nitrate d’argent en photographie utilisait 15 % de la production mondial mais ce chiffre a beaucoup baissé avec la popularisation du numérique.
-Le recyclage des métaux du groupe platine est plus difficile à analyser car leurs productions fluctuent plus que celle de l’or ou l’argent, mais elle a tendance à augmenter. Le pourcentage de la production de platine, de palladium et de rhodium recyclé ne dépasse pas les 10%. Le chiffre peut paraître petit, mais les métaux du groupe platine ne sont quasiment pas utilisés en dehors de l’industrie, et le recyclage des pots catalytiques est un procédé optimisé (95% des métaux sont récupérés) et bien mis en place.
Comment se porte le recyclage pour les autres industries ?
Comparons ce qui vraiment comparable, voyons les grosse industries des métaux comme le cuivre, l’acier et l’aluminium :
-La production de cuivre est composée d’à peu près un tiers de recyclage. Un peu plus dans les régions pauvres en minerais naturel comme l’Europe ou les États-Unis, où le recyclage s’élève à plus de 40%.
-L’acier et les autres alliages ferreux sont les matériaux les plus recyclés qui existent, avec jusqu’à 85-90% de la production faites à partir de la récupération. La raison est assez évidente, la matière première est relativement abordable mais la fabrication de nouvel acier est un procéder long et rigoureux, c’est plus simple et pratique de recycler.
-L’aluminium n’est pas autant recyclé, mais avec le 3/4 de la production c’est tout de même respectable. Certains produits comme les canettes sont presque entièrement recyclés.
Au final les métaux précieux sont certes bien recyclés, mais assez loin derrière d’autres matériaux. Pourquoi ? Il n’y a pas de réponse parfaite, mais les principaux facteur sont la rareté, l’investissement, et la demande. La demande est là, mais l’offre de métal à recycler est tout simplement insuffisante, d’autant qu’une partie non-négligeable est convertie en investissement (lingots, pièces) qui ne sera jamais remis à recyclé. Et enfin le prix des matières est tellement élevé que pratiquement tout type d’exploitation minière est facilement rentable, tandis que racheter du vieil or (ou autre métal précieux) c’est plus compliqué. L’équilibre est totalement différent pour les métaux dits non-précieux, le prix à la tonne est plus bas que le prix au kilo pour l’or ou le platine; la conséquence est qu’on préfère la récupération au minage, même si les besoins grandissants demanderont un accroissement de la quantité en circulation.