Peter Munk : de réfugié à magnat de l’or, un destin hors du commun

Peter Munk, un jeune juif hongrois de 17 ans, échappe à la mort et à l’occupation nazie en 1944 grâce à quelques grammes d’or. Ce geste, à première vue modeste, allait marquer le début d’un destin exceptionnel. De réfugié à magnat de l’or, son parcours est celui d’un homme audacieux, stratégique et visionnaire.

En 1944, en pleine Seconde Guerre mondiale, un train quitte Budapest en direction de la Suisse. À son bord, Peter Munk et sa famille, ils ont réussi à acheter leur liberté en échange de bijoux et de pièces d’or. Ce précieux métal jaune, qui leur a permis d’échapper aux griffes des nazis, allait devenir la clé de la fortune de Munk.

Alors âgé de 17 ans, il échappe de justesse aux camps d’extermination. Ce qui semblait n’être qu’un échange temporaire pour leur survie allait se transformer en la base d’une incroyable réussite. Le jeune homme n’avait alors aucune idée que cette évasion le mènerait à la création de Barrick Gold, l’une des plus grande entreprise d’extraction d’or au monde.

Après sa fuite en Suisse, Peter Munk se rend au Canada pour poursuivre ses études. C’est là qu’il fait ses premiers pas dans le monde des affaires. Initialement, il se lance dans le domaine des appareils hi-fi, avec un associé, avant de se tourner vers l’hôtellerie. Dans le Pacifique Sud, il bâtit un empire hôtelier qu’il vendra plus tard pour une somme impressionnante de 100 millions de dollars.

De retour au Canada, fort de cette première réussite, il décide d’investir son argent dans un domaine encore émergent : l’or. À cette époque, le prix de l’once d’or a chuté de 800 $ à seulement 200 $, et la plupart des financiers affirment que l’or est devenu une valeur obsolète. Mais Munk voit cette baisse comme une opportunité unique.

« Tous mes amis en Europe, et particulièrement ceux qui travaillaient dans la finance, me disaient que l’or, c’était terminé pour toujours », raconte-t-il.

Cet écart entre la perception générale et la réalité du marché de l’or devient pour Munk une occasion d’investir à bas prix, un pari risqué mais qui s’avéra payant.

En 1983, après avoir exploré diverses options d’investissement, Munk fonde Barrick Gold. Ce choix allait se révéler être l’un des plus décisifs de sa carrière. L’entreprise se spécialise dans l’extraction d’or, un secteur qui allait connaître un essor phénoménal au cours des décennies suivantes.

Le temps lui donne raison. La valeur de l’or a été multipliée par neuf depuis qu’il a fait son investissement. En 1983, Barrick Gold devient rapidement l’une des plus grande entreprise minière du monde en termes de production d’or. Aujourd’hui, bien que Peter Munk soit décédé, Barrick Gold continue d’être en premier plan dans l’exploitation aurifère mondial.

Bien que sa fortune n’ait cessé de croître, Peter Munk n’a jamais été aveuglé par la frénésie autour de l’or. Au contraire, jusqu’à la fin, il resta préoccupé par l’avenir du marché et les risques qu’il comporte. Pour lui, un prix de l’or trop élevé serait un signe inquiétant.

« Personne n’aimerait vivre dans un monde où l’or atteindrait 5000 $ l’once. Cela signifierait que le monde a perdu toute forme de confiance dans la capacité des gouvernements à résoudre les problèmes. Une telle situation entraînerait de graves crises sociales et rendrait la planète entière dangereuse », avertissait-il.

Pour Munk, l’or reste une valeur refuge, mais un excès de cette frénésie pourrait mener à des instabilités économiques et sociales de grande envergure.

À sa mort, Peter Munk a décidé de consacrer une grande partie de sa fortune à des causes philanthropiques. Il a laissé des instructions claires : trois quarts de sa fortune seraient répartis entre des fondations caritatives, destinées à soutenir diverses causes.

Cet engagement envers les autres reflète une facette de son caractère, celui d’un homme conscient de l’importance de redonner à la société ce qu’il a reçu, au-delà de ces succès financiers.

Le parcours de Peter Munk est celui d’un homme qui a su transformer l’adversité en force. Son incroyable ascension, de réfugié juif à magnat de l’or, témoigne d’une vision clairvoyante et d’un courage à toute épreuve. Mais au-delà de sa réussite personnelle, il laisse également un héritage philanthropique qui marquera les générations à venir.