L’histoire du cours de l’or
L’or occupe, sans le moindre doute, une place très particulière au sein du système financier mondial. Du fait de cette position particulière, son cours ne ressemble à aucun autre.
On peut séparer l’étude de l’évolution du cours de l’or en trois périodes distinctes :
- 1ère période (du XIXème siècle aux années 1930)
- 2ème période (des années 1930 à 1971-73)
- 3ème période (depuis 1971 jusqu’à aujourd’hui)
1ère période (XIXème siècle – années 1930)
Le début de la première période correspond en fait à son adoption progressive (ou l’abandon du bimétallisme) par la plupart des pays : le Royaume-Uni en 1844, l’Allemagne en 1871, le reste des pays d’Europe dans les dix ans qui suivirent, les Etats-Unis (de facto en 1873 et de jure en 1900), la Russie en 1873, le Japon en 1897, les Indes britanniques en 1898,… En effet, peu après la révolution industrielle, le contexte de déflation et de dépression fait craindre les pays pour leurs économies respectives. L’adoption de l’étalon-or semble alors la meilleure chose à faire pour renouer avec la stabilité, et ce fut le cas.
Il n’y a pas que cet unique facteur, car déjà à l’époque on parle de mondialisation. Or, dans un monde où le commerce est mondialisé ; mais où l’information circule encore lentement ; le taux d’échange de toutes les devises monétaires avec l’or permet aussi de fixer des taux d’échanges pour chaque monnaies entre-elles. Avant cette période, le cours de l’or a connu quelques variations temporaires, comme lors de la guerre de sécession (1861-1865) aux Etats-Unis. Cette guerre civile fera plus que doubler la valeur du métal (47 $ en 1864 alors qu’il était de $ 20.67 en 1860) avant un retour progressif à sa valeur d’avant-guerre.
Cependant, tous ces changements sont relativement minimes, et surtout localisé. Ainsi les fluctuations du prix de l’or sont pratiquement inexistantes sauf si on prend en compte l’inflation. Certes, le prix de l’or par once n’augmente ni ne diminue entre 1914 et 1921. Mais le pouvoir d’achat du dollar s’améliore significativement par rapport aux monnaies européennes, logiquement mises à mal par la Grande Guerre ; un dollar de 1914 en vaut un demi dollar en 1921.
Cette période de stabilité à toute épreuve s’achève en janvier 1934 par le « Gold Reserve Act » des Etats-Unis, qui dévalue d’un coup d’un seul de 40% en fixant le prix de l’once à 35$. Cette limite n’est bien sûr pas aussi simple, elle dépend de l’abandon de la parité par chaque pays. Le Royaume-Uni l’abandonna en 1931 (après l’avoir rétabli en 1925), la Suède en 1929,… C’est la conséquence de la Grande Dépression, qui rend intenable la parité pour de nombreux pays. L’abandon de la parité voir l’abandon total de l’étalon-or est vue comme une étape nécessaire à la reprise.
2ème période (1934 – 1971)
Par la suite, le cours de l’or fluctuera ; mais sous le contrôle stricte des Etats-Unis, alors détenteur de la plus grande masse monétaire mondial. Allons directement au lendemain de la seconde guerre mondiale, les accords Bretton Woods fixe les bases du système monétaire pour les années à venir. Ils ont pour but de permettre un maintien de la paix et d’éviter une autre période de dépression.
Dans les grandes lignes, ils aboutissent d’une part à la création du FMI et de la Banque Mondial ; d’autre part les Etats-Unis vont devenir les centralisateurs mondiaux des devises monétaires. Les banques centrales de chaque pays ne doivent plus détenir des réserves d’or, mais des réserves de devises en dollar américain. La valeur de celui-ci étant indexée sur l’or, la plupart des monnaies du monde le seront de facto.
La France, sous la présidence de Charles de Gaulle, profitera de la convertibilité or-dollar pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la monnaie américaine et ainsi du pays. Cela et le trou budgétaire provoqué par l’engagement de l’armée américaine au Vietnam entraîna l’abandon de la convertibilité du dollar ver l’or en aout 1971, officieusement. Bien que la mesure dusse été temporaire, l’abandon total et officiel aura lieu en 1973. Cela coïncide avec le premier choc pétrolier de 1973 (fin symbolique des trente glorieuses), qui est lui-même l’effet de l’abandon des accords de Bretton Woods.
3ème période (1973 – en cours)
Nous entrons désormais dans la période contemporaine de l’or. Il n’y a pas besoin d’explication pour voir que cela bouge beaucoup plus. Il n’est plus alors possible d’analyser chaque changement, seulement les grandes tendances importent.
On voit que la crise de pétrole, qui se poursuivra jusqu’en 1979, entraîna une forte hausse qui s’inversa début des années 80. On ne trouve aucun pic aussi net avant celui de 2007-2012, car il faut une crise d’ampleur mondiale pour provoquer cela.
Est-ce que ça veut dire qu’il ne faut investir dans l’or que lorsqu’on anticipe une crise mondiale majeure ? Non. Comme vous pouvez le voir sur le graphique (qui date de 2008) ci-dessus, une très forte augmentation doublant (voir triplant) la valeur de l’or en moins de cinq ans n’arrive qu’une fois toute les quelques décennies; rien n’exclut une hausse moindre mais suffisante que pour être largement rentable. Et surtout que lors d’une crise localisée, la dévaluation d’une monnaie peut être extrêmement forte due à un taux d’inflation au-delà du raisonnable. L’or, en de pareille situation, protège ceux qui le possèdent comme aucun autre actif financier.
A court et moyen terme, il n’y a pas qu’un bon moment pour investir dans l’or, il y en a une multitude. Il suffit juste de bien les pré-sentir en ayant connaissance de la conjoncture économique. A très long terme cependant, disons au-delà de 40 ans, c’est toujours un placement sûre et fiable. Personne ne pensait revoir l’or au niveau qu’il était en 1980-81, et pourtant c’est arrivé.