Face au risque grec, l’or redevient une valeur refuge
Le cours de l’once enchaîne les hausses depuis le début de l’année. Les « hedge funds » se remettent à parier sur le métal précieux.
Qu’est-ce qui fait courir le marché de l’or ?
Depuis le début de l’année, certes récent, le métal précieux s’affiche en hausse quasi continue. L’once est remontée au plus haut depuis trois semaines, au-dessus du seuil des 1.200 dollars.
Les « hedge funds » et, plus largement, les investisseurs spéculatifs, lui trouvent de nouveau un intérêt : pour la première fois depuis des semaines, ils ont augmenté leurs paris d’une hausse du cours – et le nombre de ces paris a doublé depuis la mi-novembre, selon les chiffres publiés aux Etats-Unis par la Commodity Futures Trading Commission.
L’or défie la hausse du dollar
L’incertitude sur l’avenir de la Grèce dans la zone euro, qui remue les marchés financiers depuis plusieurs jours, joue évidemment son rôle, et fait de l’or un refuge idéal.
Les investisseurs s’accrochent notamment à un article paru ce week-end dans le journal allemand « Der Spiegel », selon lequel la chancelière Angela Merkel, ne serait pas opposée à un « Grexit », à vingt jours à peine d’élections législatives grecques très attendues. La crainte d’une nouvelle crise européenne a renvoyé l’euro au plancher depuis neuf ans face au dollar, et les marchés boursiers accusent le coup.
« L’or défie la fermeté du billet vert, note d’ailleurs Commerzbank,faisant plus que défendre son niveau de prix puisque le métal est repassé au-dessus du seuil des 1.200 dollars. »
L’or continue en effet de monter en dépit des mouvements négatifs sur les devises ainsi que sur le pétrole. Pour James Steel, analyste métaux précieux chez HSBC, cela « peut vouloir dire que les investisseurs commencent à juger ces baisses désordonnées, ce qui déclenche par ricochet des achats refuges sur le marché de l’or ».
Dichotomie
En 2014 déjà, l’or s’était démarqué de la forte baisse de nombreuses matières premières, du pétrole, mais aussi du gaz naturel, du minerai de fer ou encore de l’argent. Le métal jaune a connu une année neutre, s’appréciant même de près de 14 % en euros et en yens et de plus de 6 % en livres sterling.
Alain Corbani, gérant du fonds Global Gold & Precious, souligne cette « complète dichotomie avec les autres matières premières ». Pour lui, la grande majorité de la baisse de l’or est passée. « Malgré tous les vents contraires l’an dernier, l’or a réussi le pari de ne pas reculer. Désormais, toute remontée du pétrole et de l’euro/dollar – porteuse d’inflation – peut jouer en sa faveur », assure le spécialiste.
La Chine est, elle aussi, venue apporter son soutien au marché de l’or. D’une part, parce que les autorités ont indiqué, fin décembre, qu’elles pourraient prendre de nouvelles mesures pour soutenir l’économie. D’autre part, parce que le pays, plus gros consommateur d’or au monde avec l’Inde, poursuit ses achats avec force.